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Changement social et culturel intergénérationnel et processus identitaires chez les enfants d'immigrés laotiens de France
(29/03/2006 - Lu 1083 fois)

Trente ans après, certains d'entre nous pourraient se poser des questions sur la situation de la communauté lao en France. Combien sommes-nous ? Nos enfants parlent-ils encore la langue lao ? S'intéressent-ils encore à la culture et à la tradition laotienne ? Ces questions que nous nous sommes posées pourront faire l'objet des sujets de mémoire des études ethnologiques dans les universités françaises



«  Trente ans après, certains d'entre nous pourraient se poser des questions sur la situation de la communauté lao en France. Combien sommes-nous ? Que faisons-nous ? (…) Que font nos jeunes ? Sont-ils bien intégrés dans la vie sociale et professionnelle ? (…) Nos enfants parlent-ils encore la langue lao ? S'intéressent-ils encore à la culture et à la tradition laotienne ? Ces questions que nous nous sommes posées pourront faire l'objet des sujets de mémoire des études ethnologiques dans les universités françaises ».

Tels sont les mots employés par l'association Nouvelle Génération Lao en guise d'introduction à une fête co-organisée par des associations asiatiques et par la mairie de Collégien, en Seine et Marne, le 28 Mai 2005, à l'occasion de la célébration du trentième anniversaire de la présence asiatique en France, présence qui résultant des évènements politiques qui ont touché l'ancienne Indochine française, c'est-à-dire le Cambodge, le Vietnam et le Laos.

« Comment ceux de la première ou de la deuxième génération, arrivés tout petits en France ou qui sont nés en France vivent-ils leur intégration ? Sont-ils confrontés aux problèmes de la dualité qui opposerait l'identité culturelle d'origine à la culture occidentale ? (…) J'espère qu'un jour, la question fera l'objet d'une étude scientifique, voire des thèses, comme c'est déjà le cas chez nos amis vietnamiens. »

Ces mots-ci sont ceux de M. Phongsavanh S. Phabmixay dans un message qu'il a posté sur le forum des Laotiens en France de Yahoo le 28 Avril 2005.     

Je pourrais allonger la liste des personnes rencontrées au cours de cette étude, parents ou jeunes adultes, qui se posent des questions similaires et qui ont manifesté à l'égard de mes travaux un certain intérêt, souhaitant prendre connaissance des résultats de ma recherche une fois celle-ci terminée.

Ces questions, posées par les parents, s'enquièrent d'un double souci d'« intégration » de leurs enfants à la société française, d'une part, et de continuité filiale dans l'identité culturelle, d'autre part. Est-ce qu'ils sont acceptés et est-ce qu'ils réussissent dans la vie en France ? Est-ce qu'ils ne sont pas devenus trop différents de nous ? Y a-t-il une base culturelle laotienne commune qui permette le dialogue et l'identification réciproque des parents aux enfants ? C'est ce souci de continuité filiale qu'évoque M. Lamvieng Inthamone, maître de conférences à l'INALCO :

« Il est vrai que les parents, n'est-ce pas, souvent, sont un peu traumatisés, n'est-ce pas, par l'évènement politique, d'une manière générale. Et du coup, ils veulent que les enfants prennent conscience un peu, partagent un peu, n'est-ce pas, ce qu'ils ont ressenti. Or, de l'autre côté, n'est-ce pas, il y a quand même une certaine rupture. C'est difficile de faire partager, n'est-ce pas, ce qu'ils n'ont pas vécu. Il y a une rupture très nette, d'une manière générale  »

Chez les enfants devenus adultes ou jeunes adultes – les personnes directement concernées – ces questionnements recouvrent davantage une dimension phénoménologique dans la mesure où ils correspondent à des réalités psychosociales vécues qui touchent à l'identité personnelle. L'attention manifestée vis-à-vis de la recherche correspond alors à une forme de curiosité sur le vécu des personnes qui se trouvent dans la même situation : «  Est-ce qu'ils ont vécu la même chose que moi ? Est-ce qu'ils se représentent leur double appartenance comme moi ? Comment ça s'est passé dans leur cas… Tu me feras lire ton mémoire ? » Il s'agit d'un besoin de comparaison de son cas singulier à d'autre cas plus ou moins semblables, comparaison qui rassure lorsque l'on constate que l'on est dans une certaine mesure « normal », qu'on n'est pas tout seul ; bref, ça permet de se situer par rapport à d'autres cas.

Marc GATTANO


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