Le chaos économique qui s’est manifesté depuis le début de cette année amène les Thaïlandais à se rendre compte qu’ils doivent tous collaborer afin de sauver le pays. Depuis le premier trimestre, nous assistons à une crise économique importante, causée par la crise pétrolière, l’inflation, et le déficit commercial du pays mais le problème de la sécheresse, qui a commencé à se manifester dès la fin de l’année 2004, a désormais tendance à empirer.
Il est paradoxal que la « Chersonèse d’or », considérée comme une des régions de production agricole les plus importantes du monde doive faire face à des inondations et à des sécheresses répétitives. Quelque gouvernement que ce soit, ces problèmes ne peuvent jamais être résolus, alors que l’eau est un élément essentiel pour un pays où l’agriculture joue un rôle considérable.
Selon les statistiques du bureau économique de l’agriculture, dépendant de Mr Newin Chitchop, ministre adjoint de l’agriculture et des coopératives, la quantité d’eau dans les réservoirs et barrages est dans un état critique puisque, actuellement, le total de la quantité d’eau disponible dans le royaume tout entier est de moins de 16,602 millions de mètres cubes, ce qui ne représente que 38% de la capacité maximum de tous les réservoirs du pays.
L’impact de cette crise naturelle est, selon les informations du ministère de l’agriculture, particulièrement importante puisque 71 provinces connaissent des difficultés à cause de la pénurie d’eau, tant pour la consommation que pour l’agriculture. Il n’y a que 5 provinces qui ne sont pas été affectées par cette sécheresse : Bangkok, Nonthaburi, Nakhorn Pathom, Samutsakhorn et Pathumthani, ceci parce que ces provinces centrale du centre de la Thaïlande se trouvent au cœur du meilleur système d’irrigation du royaume. Elles sont irriguées par les plus grands barrages : les barrages Bhubibhol, Sirikit, Wachiralongkorn, Srinakharindha et Phasakchonlasit. Par contre, les autres régions ont été brutalement affectées, même pour les provinces méridionales du pays où, pourtant, la pluie est d’ordinaire très abondante. Tout ceci montre bien que le mode de gestion de l’eau, en Thaïlande, est vraiment très médiocre.
Le département pour la promotion agricole estime que, depuis le premier octobre 2004 et jusqu’au premier mars 2005, plus de 1,4 millions d’agriculteurs sont en difficulté et qu’environ 26,38 millions de rai de terres agricoles ont été affectés par cette sécheresse et 11 millions de rai ont été totalement sinistrés. Les dommages subis par le secteur agricole, selon les analyses rendues publiques par le bureau économique de l’agriculture seraient d’au moins 23,703 millions de baht .
Les deux projets initiés par le ministère de l’agriculture, dont l’un est déjà mis en œuvre, le développement de la plantation des hévéas dans les régions du nord et du nord-est, sont aujourd’hui entre vie et mort. Cela veut dire que le budget gouvernemental, initialement évalué pour ce projet à plus de 1,440 millions de baht, a été dépensé en vain puisque 50% des hévéas plantés sont d’ores et déjà morts à cause de la sécheresse. L’autre projet consistait en la promotion de l’élevage des buffles de boucherie, le gouvernement devant prêter 5 buffles à chacun des millions d’agriculteurs participant dans ce projet. Sans doute, dans de telles conditions, les agriculteurs auront le plus grand mal à en assurer l’élevage.
Une des raisons essentielles pouvant expliquer ces difficultés est que le système d’irrigation, dans son état actuel, n’est pas d’une réelle efficacité et que, de plus, il est largement insuffisant pour les besoins de la culture. Ainsi, bien que la Thaïlande compte 131 millions de rai de terres agricoles, le système d’irrigation ne peut, dans l’état actuel, répartir l’eau de manière satisfaisante que pour 22,87 millions de rai.
Une autre raison importante semble être le résultat de la réforme des organigrammes ministériels qui fait que, désormais, la gestion du problème de l’eau est de la responsabilité de deux départements dépendants de deux ministères : le département de l’irrigation, rattaché au ministère de l’agriculture et le département des ressources aquatiques, rattaché au ministère des ressources naturelles et de l’environnement, départements qui travaillent indépendamment l’un de l’autre et manquent ainsi de collaboration ; de plus, il semble bien qu’on assiste à une sorte de querelle de compétences entre ces deux organismes.
Finalement, Sa Majesté le roi Bhumibhol est sorti du palais afin de contrôler son projet personnel, appelé en thaï Fon Luang, « la pluie royale ». Le roi a lui-même dirigé des travaux de statistiques sur le nombre et l’importance des nuages alors que le ministère de l’agriculture ignorait ces différents points et était préoccupé par de nombreux problèmes de corruption. Les projets de construction de cinq nouveaux barrages a été rejeté par le Conseil des ministres bien qu’ils étaient nécessaires, ne serait-ce que celui de la province de Chaiyaphum où la sécheresse est la plus importante.
C’est la raison pour laquelle, depuis le début de son règne, le roi Bhumibhol, n’a cessé de travailler sur ces problèmes. Son projet de « Fon Luang » est reconnu à la fois par la NASA et le gouvernement de Singapour pour son efficacité. Aujourd’hui, face à l’ampleur du problème, le roi a pris directement les choses en mains. Utilisant des substances chimiques ; nitrate d’ammonium, urée et dioxyde de carbone, on absorbe la chaleur et l’humidité des nouages et, procédant à une catalyse de la vapeur, on finit par faire pleuvoir.
La mise en œuvre de ce projet « pluie royale » a permis de faire que la quantité d’eau dans les barrages et réservoirs remonte progressivement, même si les résultats ne sont pas encore suffisants pour la culture, au moins le sont-ils pour la consommation. C’est la raison pour laquelle que le roi insiste pour ce que programme soit poursuivi et qu’il continue de donner des conseils au gouvernement pour régler le problème de la sécheresse.
Theeraphong INTHANO
Sources
www.thairath.co.th
www.nationmultimedia.com
www.matichon.co.th