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La lamentation de Siprat
(24/02/2005 - Lu 379 fois)

La traduction du กำสรวลศรีปราชญ์ – La lamentation de Siprat – que je confie aujourd’hui à Arch’Asie est un texte qui, s’il a d’abord été traduit voici plus de vingt-cinq ans, à l’occasion de ma thèse de doctorat, est maintenant totalement révisé.



La traduction du กำสรวลศรีปราชญ์ – La lamentation de Siprat – que je confie aujourd’hui à Arch’Asie est un texte qui, s’il a d’abord été traduit voici plus de vingt-cinq ans, à l’occasion de ma thèse de doctorat, est maintenant totalement révisé. En effet, lorsque j’ai donné, après ma soutenance, cette traduction à lire à plusieurs spécialistes thaïlandais de la littérature classique siamoise qui, par chance, étaient aussi francophones, ils ont attiré mon attention sur certains faux-sens, voire contresens d’ailleurs. J’ai donc repris le texte de mon travail original à la lumière de leurs remarques et critiques, et c’est une traduction corrigée que je propose ici.

Ce texte est depuis de nombreuses années l’objet de controverses parmi les historiens de la littérature puisque, daté traditionnellement de la deuxième moitié du XVIIe siècle, sa forme comme les références géographiques – entre autres – qu’il contient laissent à penser qu’il est bien plus ancien et qu’il date sans doute de la fin du XVe ou du début du XVIe : c’est d’ailleurs ce que j’ai tenté de prouver dans cette thèse, qui demanderait sans doute à être revue après toutes ces années. Il me semble néanmoins qu’au delà de toute réflexion sur la date de sa composition, ce poème est d’un intérêt capital et d’une qualité esthétique indéniable, ce que d’ailleurs cette traduction ne rend que bien faiblement.

D’une grande richesse métrique, jouant sans cesse sur des échos entre la fin de certains vers et le début du vers suivant, le texte qui vous est aujourd’hui confié marque surtout l’apparition, dans la littérature classique siamoise, d’un genre d’une grande originalité qui n’a été cultivé qu’au Siam puis, mais de manière plus anecdotique, au Cambodge, le นิราศ qu’à la suite de Paul Schweisguth et de Jacqueline de Fels, j’appelle en français « poème de séparation ». Si ce genre est original, c’est qu’il traite de la douleur de la séparation d’avec l’aimée dans la dynamique du voyage, depuis le départ jusqu’à l’arrivée.

Je parlais du fait que cette traduction ne rend que faiblement les qualités esthétiques du poème ; je n’en donnerai ici qu’un exemple : le  texte joue constamment sur les homophonies entre les noms des lieux traversés par le poète et des verbes ou des substantifs qui lui permettent de se rappeler son aimée et de redire, de manière constante et toujours renouvelée, le malheur qu’il ressent à cause de cette séparation qui ne fait qu’aller en s’accentuant, tant dans le temps que dans l’espace, au fur et à mesure que le voyage se poursuit vers son but ultime.

J’espère, à travers cette traduction revue et corrigée, permettre aux lecteurs d’approcher un genre poétique qui me tient particulièrement à cœur.

Gilles DELOUCHE


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